quand le rêve rencontre l'ordinaire.

C'est un extrait -célibrissime- de "La Dolce Vita" de Fellini.
C'est la fin de la nuit, une nuit de fête. Marcello Mastroanni accompagne une sublime actrice américaine dans les rues obscures.
Il est si proche d'elle et pourtant si loin, toute absorbée qu'elle est par ses caprices. Un chat. Du lait pour le chat. Elle est la femme rêvée et elle est là.
Alors il la suit; on sent la griserie de la fête.
Et puis la fontaine.
Elle entre dans l'eau. Elle l'appelle. "Marcelloooo". C'est la folie de cette folie que la nuit peut nous offrir. Ou du moins qu'on pense qu'elle peut nous offrir.
Il la regarde, il hésite. Il la suit. Elle est si prêt, sublime, offerte. Et pourtant si loin.
Le rêve devient réalité, leurs lèvres se rapprochent.
Et finalement, le rêve comme la nuit cède la place au jour et au quotidien. La promesse d'un baiser disparaît dans la réalité absurde d'un couple endimanché dans l'eau d'un bassin au petit matin, sous l'oeil des passants.
C'est ce moment étrange où la nuit croise le jour, où ceux qui ne sont pas encore couchés, baignés d'euphorie d'alcool et de fumée, croisent ceux qui sont déjà levés et -plus ou moins -frais. C'est le premier métro. La fin de la fête, la fatigue, le jour qui se lève dans le lointain.
Quand le formidable devient absurde. C'est une séquence magnifique et irréelle, mais elle n'est que le reflet de toutes les nuits de fêtes qui laissent quelquefois ce goût amer et inachevé dans la bouche -pâteuse-. Les miennes, les vôtres...

euh pourquoi j'ai fait ce message déjà? Ah oui parce que j'ai vu qu'un petit malin avait coloré l'eau de la fontaine en rouge.